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le Bouddhisme
Tịnh Mặc
Đặng Trinh Kỳ
Chapitre 1 Le but du Bouddhisme – Les trois significations du mot Bouddha – Le Principe de Vérité (Chân lý), ou le Principe du vrai Vide (Lý Chân Không).
Chapitre 2 Le prince Siddharta Gotama – Le Bouddha çakya Mouni (Phật Thích Ca Mâu Ni) - Son enseignement :
La loi de cause – effets, ou le principe du noyau et des fruits (lý nhân quả) – La loi de l’inter-action des causes, ou le principe de l’interdépendance des germes (lý nhân duyên) – La loi de l’impermanence (luật Vô Thường) et le principe du non – Moi ou du faux – Moi (lý Vô Ngã).
Chapitre 3 L’enseignement du Bouddha çakya - Mouni (suite) :
– Les quatre merveilleuses vérités (Tứ diệu đế) – La voie aux huit embranchements justes (Bát chánh Đạo) – Les six Paramitas (Lục Độ Ba la mật) - Le Pays Pur (Tịnh Độ) .
Chapitre 4 Comment prier - Comment adorer.
Dernier chapitre Le Bouddhisme, science de l’homme et de l’univers réels.
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« A l’humanité plongée dans les ténèbres de
l’ignorance, j’apporte la lumière éclatante de la Vérité.
Je lui apporte la libération de la mort, de la vieillesse et de toutes les souffrances. »
Le Bouddha çakya- Mouni
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Chapitre 1
Le but du Bouddhisme – Les trois significations du mot Bouddha – Le Principe de Vérité (Chân lý), ou le Principe du vrai Vide (Lý Chân Không).
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Le Bouddhisme est une voie spirituelle (Đạo) ; on l’appelle Voie de la Connaissance, ou Voie de la libération.
La connaissance de quoi ? De l’origine de l’homme, de la raison de sa venue sur terre, de sa destination quand il quitte ce monde.
La libération de quoi ? De la souffrance, de la mort et des renaissances.
Les Ecritures bouddhiques disent que depuis que l’homme existe, de nombreux bouddhas sont déjà venus sur terre lui montrer la voie de la Connaissance et de la libération. Leurs enseignements variaient dans la forme, afin de s’adapter aux temps, aux lieux et aux mœurs, mais leur fond était invariable. Tous prêchaient la même Vérité éternelle.
« Aussi loin que l’homme puisse plonger sa pensée vers les origines de l’histoire de l’humanité, il observe des pléiades d’âmes qui se distinguent nettement par leur nature, leur tempérament et leur vision, du commun des mortels. Ce sont les saints et les sages, les avatars et les prophètes. La manière dont ces âmes conçoivent la vie se révèle riche de signification et de valeur. Tandis qu’en général les êtres humains n’ont à ce sujet qu’une vision individualiste, ces âmes d’élite possèdent le sens de l’universel, qui se reflète clairement dans toutes leurs pensées, paroles et actions…La base de leur vie c’est l’abnégation, l’oubli de soi, né d’une vision parfaitement équanime ; c’est une attitude uniforme à l’égard de tous les êtres et de toutes les choses.
Leur transcendance par rapport aux conceptions inférieures de l’existence, leur certitude d’une vie éternelle, se révèlent dans leurs enseignements qui, tous, sont des variations sur le thème unique : l’Immortalité, Dieu, la Vérité.» (1)
(1) Râmdas (La Présence de Râm. La vie divine).
Dans les Ecritures bouddhiques, il y a un verset résumant en douze mots l’essence du Bouddhisme (2).
((2) Bouddha, Bouddhisme : ces mots ont pour origine Buddhi (sanscrit), signifiant esprit, intelligence, connaissance. Bouddha : celui qui connaît.)
Il est intitulé :
« Paroles de vérité de sept Bouddhas » :
(Thất Phật chân ngôn)
« Le mal, ne fait pas;
Le bien, tâche de faire;
Purifie ton mental.
Voilà ce qu’enseignent les Bouddhas » (3)
(3) « Chư ác mạc tạc, (Điều ác chớ làm,)
Chúng thiện phụng hành (Điều thiện gắng làm)
Tự tịnh Kỹ ý (Lắng yên tâm mình)
Thị chư Phật giáo. » (Âý lời các Phật dạy.)
Les sept Bouddhas sont : 1- Tỳ Bà Thi, 2- Thi Khí , 3- Tỳ Xà Phù, 4- Câu Lưu Tôn, 5- Câu Na Hàm, 6- Ca Diếp, 7- Thích Ca Mâu Ni (le Bouddha de l’époque actuelle dont l’enseignement fait l’objet de cette étude.)
Le nombre 7 est un nombre symbolique et mystique. Il désigne ici la continuité du passé et du présent, et l’infinité des bouddhas apparaissant dans l’infini du temps.
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Les trois préceptes sont solidaires et doivent être pratiqués concomitamment, avec application et persévérance. Cependant les deux premiers ne font que préparer le terrain pour le troisième : purifier le mental.
Purifier le mental, c’est le débarrasser de toutes les agitations, de toutes les habitudes égocentriques de penser, de toute trace de désir égoïste. C’est de n’avoir dans son cœur aucun sentiment d’orgueil, de colère, de haine ou de violence. Bref le mental doit être absolument limpide, comme un lac tranquille qu’aucun souffle léger ne vient en rider la surface. C’est dans cet état seul – l’état sans état – que la lumière de la Vérité peut se manifester dans toute sa splendeur.
Cet état de conscience extrêmement élevé, serein et bienheureux, ne peut être obtenu que par la méditation. C’est la concentration du mental sur l’idée ou l’image du Bouddha – ou de tout autre Idéal qu’on adore (4).
La méditation est le seul moyen capable d’élever la conscience ordinaire à la superconscience (giác trí). Celle-ci donne la connaissance directe et parfaite de l’univers grâce à l’intuition, l’œil spirituel, appelé dans le Bouddhisme l’œil du Bouddha (Phật nhãn) ou l’œil de la Connaissance (Huệ nhãn). Cet œil se trouve sur le front, entre les sourcils (5).
De méditations profondes en méditations profondes et toujours plus profondes, le pratiquant voit progressivement sa vie et le monde d’un œil différent. Un jour vient où, dans un moment sublime, il reçoit l’éclatante et douce lumière de la Vérité. Il obtient la Connaissance : il est Bouddha. Dans son cœur, il n’y a plus de bien ou de mal ; il n’y a qu’un océan d’amour, embrassant dans son immense compassion tous les êtres et toutes les créatures.
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(4 Toutes les grandes religions enseignent des techniques de méditation.
(5) Jésus Christ l’appelle « œil unique ».
« L’œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé. » Les Evangiles – St Matthieu 6.22.23.
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Les Ecritures bouddhiques donnent au mot Bouddha trois significations nettement différenciées qu’il est nécessaire de connaître tout de suite afin de ne pas faire de confusion.
1°) – D’abord le mot Bouddha désigne la cause de la connaissance, la source de l’intelligence, l’origine de l’esprit. (6)
C’est un principe subtil (7), une substance invisible, impalpable, qu’on ne peut connaître ni par les sens, ni par l’intellect, ni par les instruments, mais dont l’existence ne peut être niée.
Cette substance constitue l’esprit de l’homme, l’intelligence des êtres, la force de tout mouvement, la puissance de toute énergie. Elle est l’amour de la mère, la tendresse de l’enfant, l’affection de l’ami, le parfum de la fleur, la saveur du fruit. Par elle-même et avec elle-même, elle construit l’univers, en programme la durée et l’harmonie. Invisible mais toute puissante, elle est se révèle comme étant toutes les formes et toutes les vies. Elle n’a ni commencement, ni fin, ni nom.
Dans les Ecritures, on attribue à Cela le nom de Bouddha, ou Principe de Vérité (Chân lý), ou Principe du vrai Vide (Lý Chân Không), ou encore , pour plus de précision, Principe du Vide merveilleusement plein (Lý Chân Không diệu hữu).
Ce principe est vide parce que sa nature est parfaitement pure de toute forme ; il est pourtant plein parce qu’il contient toutes les formes existantes ; il est merveilleux parce qu’il est à la fois vide et plein. Etant dans toutes les formes, il ne s’attache à aucune forme ; il est en même temps transcendant et immanent en tout être et toute chose. Bref il est tout et le Tout dans tout.
Ce principe n’est donc pas une abstraction de l’imagination folle, mais une réalité vivante aux facettes illimitées, remplissant par elle seule l’infini de l’espace dans l’infini du temps.
Pour désigner et commenter cette Existence mystérieuse, l’esprit humain, dans toutes les religions et dans toutes les langues, invente des noms innombrables (8). Dans les Ecritures bouddhiques, voici quelques autres : le Vrai Immuable (Chân Như), le corps de l’univers (Bản Thể), le visage de toujours de l’univers (Bản Lai Diện Mục), la Vraie Nature (Chân Tánh), la Vraie Forme (Chân Tướng), la Nature du Bouddha (Phật Tánh), la Forme du Bouddha (Phật Tướng), le Vrai Cœur (Chân Tâm), le Vrai Moi (Chân Ngã), la Loi (Pháp), la Loi Suprême (Pháp Vương), la Loi du Bouddha (Phật Pháp), la Voie du Bouddha (Phật Đạo), la Voie (Đạo).
Ce principe incréé, tout puissant et immortel est un mystère, mais un mystère ouvert et révélé. Il est ouvert à tout le monde et révélé à quelques uns.
(6) Cause, pris dans le sens de : principe d’où une chose tire son être (Dictionnaire Robert).
(7) Principe : cause première active, primitive et originelle (Dictionnaire Robert).
(8) Voici quelques noms utilisés dans plusieurs grandes religions : Brahman, Brahma, Vishnou, Shiva, Dieu le Père, Dieu, God, le Tout Puissant, le Très Haut, Allah, Yahvé, Jéhovah, etc…
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2°)- Ces quelques uns sont des hommes ou des femmes qui, par la pureté parfaite de leur cœur et la limpidité absolue de leur mental, sont arrivés à un état de conscience tellement élevé qu’ils vivent constamment en complète union avec la Réalité Suprême, réalisant ainsi en eux l’unité avec la Vérité. Par leur présence corporelle sur terre, ils apportent à l’humanité le témoignage de cette Vérité et constituent un modèle de vie pour tous : ils sont des Bouddhas. Quand, physiquement ils quittent ce monde, ils retournent vivre dans les hautes sphères célestes.
3°)- La Réalité Suprême, Seigneur unique de l’univers, confie de temps à autre à quelques uns des nombreux Bouddhas résidant dans les hautes sphères célestes la mission de descendre et s’incarner sur terre afin de soulager l’humanité du fardeau des souffrances qu’elle a créées elle-même, et lui montrer la voie de la libération.
Ces Bouddhas missionnaires sont des Instructeurs et des Sauveurs d’âmes. Leurs enseignements, tous oraux, ont été, après leur mort, compilés et rassemblés par leurs disciples en recueils (les Ecritures). Ils sont considérés comme l’expression de la Vérité et érigés en religion.
Ces Instructeurs immortels de l’humanité ont été nombreux à travers les siècles. Les noms souvent cités, parmi d’autres, sont le Bouddha çakya Mouni, Krishna, le Seigneur Jésus Christ, le Prophète Moïse, le Prophète Mahomet.
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« L’eau de l’océan n’a qu’une sapidité : celle du sel.
De même, mon enseignement n’a qu’une saveur : celle de la libération. »
Le Bouddha çakya- Mouni
Chapitre 2
Le prince Siddharta Gotama – Le Bouddha çakya Mouni (Phật Thích Ca Mâu Ni) -
Son enseignement :
La loi de cause – effets, ou le principe du noyau et des fruits (lý nhân quả) – La loi de l’inter-action des causes, ou le principe de l’interdépendance des germes (lý nhân duyên) – La loi de l’impermanence (luật Vô Thường) et le principe du non – Moi ou du faux – Moi (lý Vô Ngã).
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Avant son illumination, le Bouddha çakya Mouni était un prince du nom de Siddharta Gotama. Il était le fils héritier du roi Suddhodana Gotama, régnant sur un Etat du Nord de l’Inde, à la frontière Sud du Népal.
Né en 623 avant l’ère chrétienne, le prince, beau et très doué, menait une vie heureuse auprès de son épouse et de leur enfant Rahula jusqu’au jour où, au cours d’une visite de la capitale, il vit aux quatre portes de la ville quatre spectacles qui le bouleversèrent et changèrent complètement son destin. Successivement il vit un jeune homme rongé par la maladie, un vieillard perclus, incapable de marcher, un enterrement avec son long cortège de pleurs et de lamentations, enfin un moine calme et digne, mendiant sa nourriture.
Il fut très impressionné par ce qu’il voyait et, rentré au palais, il médita profondément. Il prit la résolution d’aller chercher auprès des sages du royaume la vérité sur la destinée humaine et ses souffrances.
Dans une nuit de pleine lune du mois de mai, il quitta le palais, sa femme et son enfant et, troquant ses habits contre les vêtements d’un pauvre, il commença la vie d’un moine errant. Pratiquant des mortifications très dures, il allait d’un maître à un autre. Au bout de six années, il constata que les enseignements reçus des sages et les austérités endurées ne lui apportèrent pas la réponse à sa recherche. Il abandonna alors ce mode de vie excessivement sévère, vit normalement dans le juste milieu , et se consacra à la méditation.
Après quarante neuf jours de profonde concentration, dans une nuit de pleine lune du mois de Mai, il reçut l’illumination de la Connaissance.
Il exulte : « Moi, Bouddha, qui ai pleuré les larmes de tous mes frères et dont le cœur a saigné de la détresse du monde, je ris maintenant et suis heureux car la liberté existe ! Ô toi qui souffres, sache-le. … Je suis totalement libéré de l’ignorance et du désir. La voie de la libération se révèle dans le cœur de l’homme libéré. Je suis la Voie. » (1)
Il prit alors le nom de çakya Mouni et commença à enseigner la Voie à travers tout le pays, dans toutes les couches de la société, pendant quarante neuf ans. Il quitta son corps physique et entra dans le Grand Samadhi (2) dans une autre nuit de pleine lune du mois de Mai, âgé de 80 ans (année 543 avant Jésus-Christ).
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(1) A rapprocher cette parole du parole du Bouddha de celle de Jésus-Christ : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie. »
(2) Entrer dans le Grand Samadhi (ou le Grand Nirvana) : expression bouddhiste pour dire qu’une grande âme libérée quitte son enveloppe physique pour retourner à la Source céleste (nhập Diệt, nhập Đại Niết Bàn) .
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Avant d’enseigner la Voie, le Bouddha explique d’abord aux disciples quelques lois naturelles qui aident à la compréhension de son enseignement.
Ces lois sont :
1 – La loi de cause – effets ; ou principe du noyau et des fruits (luật nhân quả).
2 – La loi de l’inter-action des causes, ou principe de l’interdépendance des germes (lý nhân duyên).
3 – La loi de de l’impermanence (luật vô thường) et son corollaire, le principe du non – Moi (lý Vô Ngã).
I – La loi de cause –effets, ou principe du noyau et des fruits.
Un noyau ne peut donner que des fruits de son espèce. Ainsi un noyau de pêche donne naissance à un arbre qui ne pourra produire plus tard que des pêches et non des pommes. En outre les fruits sont toujours plus nombreux que les noyaux originels.
Le Bouddha invite les disciples à regarder plus loin dans le temps et dans l’espace et à scruter aussi dans l’univers mental.
Il enseigne que tout acte, bon ou mauvais, constitue une cause qui produit immanquablement ses effets bons ou mauvais. Ceux-ci se manifestent soit dans cette vie même (hiện báo) , soit dans la vie à venir (sinh báo), soit dans une vie plus lointaine (hậu báo). Une pensée, une parole, une action sont chacune un germe qui évolue selon sa propre potentialité et donne ses fruits au moment opportun.
Cette loi de causalité implacable nous incite à des réflexions sérieuses quant au destin de l’homme. Notre vie heureuse ou malheureuse, est le résultat cumulé de nos vies antérieures et en même temps le noyau de nos vies prochaines. Le créateur de notre destin est nous-mêmes et non une puissance supérieure quelconque, juste ou injuste.
Nos pensées, nos paroles, nos actions, voilà le capital positif ou négatif – le Karma – qui nous accompagne jusqu’à la mort et au-delà. L’argent, les richesses, les honneurs et les jouissances de toutes sortes que nous avons accumulés parfois avec tant de passion et d’égoïsme, nous abandonnent hélas ! à notre sort au dernier jour…
II – La loi de l’interaction des causes, ou le principe de l’interdépendance des germes.
Dans le domaine physique, tout germe a besoin pour se développer et mûrir, de l’aide d’autres germes : sol, air, eau, soleil, engrais,etc… Le même processus se produit dans le domaine mental : une cause grandit ou meurt selon qu’elle reçoit ou non l’assistance d’autres causes. Elle peut sommeiller pendant des siècles avant de de se réveiller au contact d’éléments favorables à son éclosion.
Au cours des fouilles archéologiques récentes, on a découvert en Chine des graines de lotus vieilles de plus de 2000 ans conservées dans du miel, et en Egypte des grains de blé vieux de plus de 1000 ans, conservés dans une huile. Mises dans l’eau, les graines de lotus ont germé, se sont développées et ont donné des fleurs, tandis que les grains de blé, semés dans un sol humide, ont poussé et produit des épis. Ainsi le miel et l’huile ont contrarié l’évolution du lotus et du blé pendant des siècles. Le même phénomène peut arriver dans l’univers mental, invisible à nos yeux ordinaires. Cette interaction des germes, afin d’aider, de retarder ou de détruire la vie d’autres germes est, en effet, universelle.
Elle nous amène à cette réflexion : nous pouvons modifier notre vie avec notre propre volonté, en faisant des actions opposées à celles que nous voulons changer ou détruire. Nous sommes maîtres de notre destin présent et à venir.
III – La loi de l’impermanence et son corollaire, le principe du non –Moi (faux Moi).
Le Bouddha enseigne : dans l’univers visible ou invisible, tout ce qui est composé est sujet à la dislocation, tout ce qui est forme est sujet au changement et à la disparition. C’est la loi de l’impermanence. La durée d’existence de tout ce qui se manifeste peut varier d’une fraction infinitésimale de seconde (sát na vô thường) à des millions et des millions d’années (trường kỳ vô thường). Elle passe par quatre phases successives : 1 – la naissance (sinh), 2 – la stabilisation (trụ), 3 – le changement (dị), 4 – la mort ou l’extinction (diệt).
On peut observer cette loi dans l’homme lui-même. Que de changements dans son corps depuis la naissance jusqu’à la mort ! Il se renouvelle sans cesse ; son état physique ou psychique dans une seconde donnée n’est pas le même dans la seconde antérieure, et il ne sera plus le même dans la seconde qui suit. La vie de l’homme a été souvent comparée au courant d’un fleuve : on n’y boit jamais à la même eau !
Nous savons que notre ego est une association du corps physique, des cinq sens et du mental. Aucun de ces éléments n’est permanent ; par conséquent leur assemblage ne peut le devenir pour constituer une entité individuelle permanente, toujours identique à elle-même, qu’on puisse identifier comme le moi de l’homme.
L’ego, changeant d’une seconde à l’autre (changement invisible à nos yeux ordinaires) est un faux Moi (Vọng Ngã), un non-Moi (Vô Ngã).
C’est par ignorance que l’homme s’identifie à ce faux Moi, à ce non-Moi, et qu’il se laisse mener par le bout du nez par cet intrus égoïste, souvent tyrannique, cause de tant de souffrances et des renaissances sans fin.
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« Je suis comme un guide qui montre la bonne voie ;
Suivre ou ne pas suivre la voie ne dépend pas du guide.
Je suis comme un bon médecin qui connaît la maladie et en prescrit le remède ;
Prendre ou ne pas prendre le remède ne dépend pas du médecin. »
Le Bouddha çakya - Mouni
Chapitre 3
L’enseignement du Bouddha çakya - Mouni (suite) :
– Les quatre merveilleuses vérités (Tứ diệu đế) – La voie aux huit embranchements justes (Bát chánh Đạo) – Les six Paramitas (Lục Độ Ba la mật ) - Le Pays Pur (Tịnh Độ) .
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Le Bouddha çakya - Mouni, durant sa vie terrestre, insiste toujours sur son rôle de simple guide. Sa mission, dit - il, consiste uniquement à aider les gens à faire quatre choses :
1 - ouvrir la porte de la Vérité,
2 - regarder cette Vérité,
3 - La comprendre,
4 - enfin pénétrer dans la Vérité. (1)
A ceux qui sont à la quête de la Vérité, le Bouddha recommande une grande prudence et beaucoup de discernement :
« Ne croyez pas une chose par ouï - dire.
Ne croyez pas sur la foi des traditions parce qu’elles ont été transmises par de longues générations.
Ne croyez pas une chose parce qu’elle est dite et répétée par beaucoup de monde.
Ne croyez pas une chose sur le témoignage de tel ancien sage, ou parce qu’une longue habitude vous porte à la tenir pour vrai.
Ne croyez pas ce que vous vous êtes imaginé, pensant qu’un être supérieur vous l’avait révélé.
Ne croyez à rien sur la seule autorité de vos aînés ou de vos instructeurs.
Mais ce que vous avez vous - même éprouvé, expérimenté et reconnu pour vrai, ce qui sera conforme à votre bien et à celui des autres, cela, acceptez - le et conformez - y votre conduite. » (2)
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(1) « Khai, Thị, Ngộ, Nhập » (Mở, trông, hiểu, vào).
(2) Sutra « Kalama »
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Un jour, le Bouddha, rentrant d’une promenade dans la forêt, tenait dans une main une poignée de feuilles. La montrant à un de ses disciples, il lui demanda :
- Les feuilles dans ma main sont nombreuses ou celles dans la forêt ?
Le disciple répondit :
- Les feuilles dans la forêt sont nombreuses, celles dans votre main ne sont pas nombreuses.
- C’est ainsi, dit le Bouddha. Ce que je sais est infini comme les feuilles dans la forêt. Ce que je vous enseigne est en très petit nombre comme les feuilles dans ma main. Mais ce très petit nombre est vraiment utile pour votre libération. Ne perdez pas de temps dans des discussions vaines de métaphysique sur l’univers, il faut aller au plus pressé qui est de sortir l’humanité de la souffrance.
A cette fin, le Bouddha enseigne aux disciples quatre grandes vérités que les Ecritures appellent « les quatre merveilleuses vérités » (3) :
1- la souffrance, 2- le désir-habitude, 3- l’extinction, 4- la Voie.
1- La Souffrance.
La souffrance est universelle, dit le Bouddha. Elle apparaît en filigrane dans l’existence humaine. Certes, l’homme a des moments de joie et de bonheur, mais cette joie et ce bonheur ne durent pas constamment. Quand ils disparaissent, ils laissent dans leur sillage la tristesse et la douleur. Et si on regarde dans le monde, que de drames, de tragédies, de souffrances individuelles ou collectives ! Les journaux, la radio, la télévision apportent chaque jour leurs lots d’informations et d’images sur des accidents, des agressions, des meurtres, des violences, des viols, des guerres, des famines, des suicides, des catastrophes de toutes sortes, des maladies plus ou moins curables, etc…
On peut affirmer sans déformer la vérité que la vie humaine sur terre se déroule sur un fond de souffrance. Et cependant on n’en voit que la partie visible. L’autre moitié de l’iceberg est encore plus grande et aussi douloureuse.
2- Le désir – habitude.
La cause de la souffrance universelle est le désir devenu habitude, nous enseigne le Bouddha.
L’Ego, en général, a un très grand nombre de désirs, les uns utiles à l’entretien de la vie, les autres superflus ou moins utiles. Mais l’homme ignorant , égoïste et cupide, désire toujours plus d’argent, de richesses, de jouissances, toujours plus de pouvoir et d’honneurs, de sorte qu’après sa mort il doit renaître pour satisfaire les exigences de ces habitudes tyranniques non assouvies.
3- L’extinction.
La ronde infernale des renaissances ne peut être rompue que quand tous les désirs ont été éliminés. C’est l’extinction : l’homme devient libre.
« Homme libre, vous ne le deviendrez vraiment que lorsque vous serez dépouillé de vos mauvaises habitudes. Âme libre, vous ne sauriez l’être, en vérité, avant que vous n’ayez acquis la parfaite maîtrise de vous – même et la force de caractère d’agir comme il vous faut agir, même si vous n’en avez pas envie. Car c’est dans la faculté de contrôle de soi que réside la graine de la liberté éternelle. » (4)
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(3) « Tứ diệu đế » (bốn sự thật huyền diệu) : « Khổ, tật, diệt, Đạo » (đau khổ, thói quen, diệt, Đạo).
(4) Paramahansa Yogananda (La loi du succès)
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4- La Voie.
Le Bouddha çakya – Mouni a réalisé en lui la Voie de la libération quand il fut illuminé. Il montre cette voie à ses disciples afin qu’ils parviennent eux aussi à se libérer de la souffrance.
Les hommes n’ayant pas les mêmes comportements et les mêmes dispositions, le Bouddha indique plusieurs chemins, tous conduisent au même but, afin qu’ils puissent choisir celui qui leur convient.
Nous en étudions ici trois, les plus pratiqués par les fidèles :
a) La voie aux huit embranchements justes (bát chánh đạo).
b) La voie des six Paramitas (Lục độ ba la mật).
c) La voie du Pays Pur (Tịnh Độ)
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A- La voie aux huit embranchements justes.
Cette voie comporte, spirituellement parlant, huit files ou embranchements parallèles, que le pratiquant doit parcourir en même temps et qui sont :
1- La vision juste (chánh kiến).
On doit voir le monde sous le jour de la vérité, sans se laisser influencer par les préjugés, les passions ou les opinions d’autrui.
2- La réflexion juste (chánh tư duy).
Après avoir vu juste, on doit réfléchir calmement, penser juste, et analyser correctement les choses et les évènements.
3- La parole juste (chánh ngữ).
La parole ne doit pas travestir la vérité ; elle doit apporter l’harmonie et le réconfort.
4- L’action juste (chánh nghiệp).
Le Bouddha donne les préceptes suivants :
- le mal non manifesté, fait en sorte qu’il ne se manifeste pas ;
- le mal déjà manifesté, fais en sorte qu’il disparaisse rapidement ;
- le bien non manifesté, fais en sorte qu’il se manifeste ;
- le bien déjà manifesté, fait en sorte qu’il croisse.
5- Le mode de vie juste (chánh mạng).
On doit choisir un mode de vie qui permet le développement harmonieux de ses capacités physiques, mentales et spirituelles, et qui apporte la sécurité, le bien-être à soi-même , à son entourage et à son environnement.
6- La persévérance juste (chánh tinh tấn).
Est juste la persévérance dans les efforts pour se contrôler et surmonter les obstacles. Il ne faut jamais se décourager et s’arrêter en chemin avant d’avoir atteint le but. « La saison des échecs est l’époque la plus favorable pour semer la graine du succès. »
7- La concentration juste (chánh niệm).
La concentration est juste quand elle est dirigée vers le Bouddha et ses attributs : amour, paix, joie, etc…
8- Dhyana juste (chánh định).
Le Dhyana est la méditation. Elle est juste quand le pratiquant, se concentrant totalement et profondément sur le Bouddha, s’absorbe en Lui et devient un avec Lui. C’est l’illumination.
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B- La voie des six Paramitas (Lục Độ) (5)
Le mot paramita (sanscrit) signifie : au-delà, l’autre rive.
Les six Paramitas désignent les six actions (ou vertus) qui font passer le pratiquant de la rive de l’ignorance et de la souffrance, où il est, à la rive de la connaissance et du bonheur où est le Bouddha.
Les six Paramitas sont :
1- le don (bố thí), 2- l’observation des interdictions (trì giới), 3- l’abnégation (nhẫn nhục), 4- l’effort persévérant (tinh tấn), 5- la méditation (thiền định), 6- la connaissance (trí-huệ).
Ces Paramitas sont destinés, en vertu de la loi de l’interaction des causes, à combattre six catégories de mauvaises habitudes : 1- la cupidité, 2- la non - observation des interdictions, 3- la colère, 4- la paresse, 5- l’agitation, 6- l’ignorance.
Premier Paramita : le don.
La cupidité est combattue par le don matériel, moral, ou spirituel.
Le don paramita se distingue du don
ordinaire par la nature sans forme (vô tướng) :
le donateur ne
voit pas la personnalité de
celui qui reçoit (ami ou ennemi), ne soupèse pas
la valeur ou l’importance de ce qu’il donne,
n’est pas conscient que c’est lui qui fait
l’action de donner (6).
Devant le besoin ou la souffrance, il donne spontanément
comme la fleur donne son parfum.
Deuxième Paramita : l’observation des règles de conduite (ou des interdictions).
La non - observation des interdictions
est combattue par l’observation paramita des cinq
règles de conduite, ou interdictions, prescrites par le
Bouddha.
Ces cinq interdictions sont :
1- Interdiction de tuer, 2- de voler, 3- de se livrer à la débauche sexuelle, 4- de faire mauvais usage de la la parole, 5- de s’adonner à l’alcool et à la drogue. (7)
1- Interdiction de tuer (giới sát)
La vie est un bien précieux commun à l’homme et à toutes les créatures. Sauf en cas de nécessité, personne n’a le droit de la supprimer volontairement ni à elle-même, ni à son prochain, ni aux animaux.
Dans le Sutra Nipata, le Bouddha enseigne : « Les autres êtres vivants existent comme moi. J’existe comme eux. Donc l’homme sage, s’identifiant avec les autres, ne tue pas. »
Il précise dans le sutra Dhammapada : « Celui qui ne recherche que son bonheur personnel et, par cela même, blesse ou tue les créatures vivantes en quête du même bonheur que lui, celui-là ne trouvera pas le bonheur après la mort. »
Quant au régime alimentaire, le Bouddha rappelle aux disciples la compassion pour les animaux et le contrôle des désirs. Mes disciples sont autorisés à manger en se conformant aux habitudes du pays où ils se trouvent, à condition qu’ils le fassent sans se laisser dominer par l’appétit ou les mauvais désirs. » (8)
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(5) Lục : six . Độ : passer au-delà.
(6) Jésus-Christ donne la même recommandation : « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite. » St Matthieu 6-3.
(7) Les fidèles reçoivent l’enseignement des cinq interdictions dès leur initiation au Bouddhisme, lors de la cérémonie des trois refuges (tam quy) : refuges dans le Bouddha, dans la Loi (les Ecritures saintes) et dans le Sangha (communauté des bonzes).
(8) Narasu : « The essence of Buddhism ».
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2- Interdiction de voler ( giới đại).
Le vol est un acte de nature essentiellement égocentrique et foncièrement mauvaise. Comme tel, il engendre des effets néfastes pour son auteur dans cette vie et après. Dans le sut Dhammapada, le Bouddha enseigne : Il n’y a pas un endroit du ciel, des océans ni de la terre où l’homme puisse échapper aux conséquences d’un mauvaix acte. »
3- Interdiction de la débauche sexuelle (giới dâm).
« De tous les désirs humains, il n’y en a pas de plus fort que le sexe », enseigne le Bouddha. Il est le lien le plus puissant qui attache l’ego à la roue des renaissances.
Il faut, par une volonté de fer, modérer et maîtriser le courant vital impérieux. À l’homme et à la femme, le Bouddha rappelle l’impermanence de la beauté corporelle et le caractère éphémère des plaisirs physiques alors que leurs conséquences sont graves et nombreuses dans le vie présente et les vies futures.
À l’homme tout particulièrement, il recommande vis-à-vis de la femme, cette attitude sage : « Est-elle âgée, regarde-la comme sa mère. Est-elle honorable, regarde-la comme ta sœur. Et si elle est de petite condition, vois-la comme une sœur plus jeune. Si c’est une enfant, traite- la avec politesse. »
4- Interdiction du mauvais usage de la parole (giới ngữ).
La parole doit être un instrument de la Vérité, de la Paix et de l’Amour, et non une cause de haine, de violence ou de discorde.
5- Interdiction de l’alcool et de la drogue (giới tửu).
L’alcool et la drogue font perdre à l’homme le contrôle de lui-même, le poussent à des actes mauvais, et l’empêchent de méditer. C’est pour lui le cercle infernal de la souffrance d’où il ne peut jamais sortir.
Troisième Paramita : l’abnégation.
La colère est combattue par l’abnégation.
L’abnégation, c’est l’humilité de l’ego, l’oubli de soi. Ici, l’humilité n’est pas signe de faiblesse ou de couardise, mais l’expression de la maîtrise de soi, du courage et de la noblesse d’âme. L’abnégation est paix intérieure et paix extérieure. « Vaincre soi-même est plus méritoire que vaincre une armée de dix mille hommes », enseigne le Bouddha.
Quatrième Paramita : l’effort persévérant.
La paresse est combattue par l’effort persévérant.
L’homme, en général si actif et si passionné dans la recherche des jouissances matérielles, devient soudainement paresseux, voire inerte, quand il ‘agit de biens spirituels qui pourtant, lui apportent le bonheur réel. C’est là une preuve de l’ignorance de l’ego. Il résiste tant qu’il peut à tout ce qui dérange ses habitudes et contrarie ses désirs.
Le pratiquant qui s’engage dans la Voie doit faire des efforts persévérants pour vaincre l’égoïsme de l’ego. Les Ecritures disent : «Dans l’homme ordinaire, le Bouddha est grand d’un mètre et l’ego est grand de plus de dix mètres » (9). Cependant à force de volonté, de persévérance sans faille, le pratiquant s’aperçoit un jour avec joie que le Bouddha en lui a beaucoup ‘‘grandi’’, que son ego a abandonné sa résistance.
Cinquième Paramita : la méditation.
L’agitation est combattue par la concentration et la méditation.
Le singe remuant du mental se calme parce que le corps physique, son support, doit rester tranquille et que les cinq sens, ses informateurs, se désintéressent progressivement des sollicitations extérieures pour se tourner vers l’intérieur. La paix s’établit de plus en plus profondément dans le cœur et l’esprit du pratiquant. Avec le temps, elle atteindra l’autre rive, le paramita.
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(9) « Phật cao nhất xích, Ma thắng nhất trượng) – Ma : ngũ ấm ma (tức là người.) trượng : 10 thước .
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Sixième Paramita : la connaissance.
L’ignorance est combattue par la connaissance.
La méditation, de plus en plus profonde, élève la conscience ordinaire à la superconscience qui voit directement l’univers dans tous ses détails pour l’intuition , l’œil du Bouddha (Phật nhãn). C’est la connaissance parfaite.
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C- La voie du Pays Pur (Tịnh Độ) (10)
Le Bouddha çakya Mouni enseigna qu’à une distance infinie de notre planète, du côté de l’Ouest, se trouve un univers appelé l’univers du Bonheur extrême où le Bouddha Amita (A-di Đà) prêche la vérité nuit et jour. (11)
Dans cet univers les habitants vivent éternellement ; la souffrance y est inconnue. Le sol, les arbres, les maisons, les objets, tout est en or, en argent ou en pierres précieuses. L’air est parfumé par des fleurs rares ; des oiseaux au beau plumage chantent continuellement la gloire du Bouddha, incitant à la prière. Les gens sont libérés de la préoccupation de leur nourriture qui se réalise par le seul pouvoir de leur pensée. Ils passent leurs journées à se promener et s’entretenir avec de nombreux saints (Bồ Tát).
Quand il créa cet univers, le Bouddha Amita a fait le vœu suivant :
« J’accueillerai dans mon royaume toute personne qui pense constamment à moi ou qui à l’heure de la mort, avec l’esprit et le cœur parfaitement sereins, prononce jusqu’à dix fois consécutives. »
C’est en raison de ce vœu formulé depuis l’infini des temps que le Bouddha Amita élève et sauve les âmes de ceux qui pensent à Lui.
Dans cette voie, la libération est obtenue par la foi et la prière. (12)
La prière continue et silencieuse, unie à la foi ardente, c’est la méditation. Devenant de plus en plus profonde, elle absorbe totalement le mental du pratiquant. Et quand le prieur, le prié et la prière ne font plus qu’un, on atteint le but : on est dans le Pays Pur du Bouddha Amita, le Bouddha à la longévité et à la lumière éternelles.
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(10) Tịnh (trong sạch) : pur . Độ (đất nước) : Pays.
(11) Amita (sanscrit) : longévité infinie et lumière éternelle. Dans les Ecritures chrétiennes on dit : « Dieu est lumière. Il n’y a point en Lui de ténèbres. » (Epître de Jean).
(12) Le docteur Alexis Carrel (1873-1944), Prix Nobel 1912, écrit dans son livre « L’homme, cet inconnu » « Si vous vous faites une habitude de prier sincèrement, votre vie sera très visiblement et profondément changée. La prière est la plus puissante forme d’énergie que l’on puisse créer. »
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« Les Bouddhas des dix points de l’univers pensent à l’humanité comme une mère pense à son enfant. Si l’enfant évite sa mère, cette pensée ne sert à rien. Mais si l’enfant pense à sa mère comme elle pense à son enfant, alors il est certain que mère et enfant se rencontreront dans cette vie et dans les vies futures.»
Le Bouddha çakya- Mouni
Chapitre 4
Comment prier - Comment adorer.
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Comment prier.
La nature du Bouddha ( Phật tánh) est dans chaque être humain, enseigne le Bouddha çakya- Mouni.
Cela explique pourquoi les gens sentent à un moment ou à un autre de leur vie le besoin ou le plaisir de prier, de penser à une Puissance, à une Présence supérieure et bienveillante.
Le croyant prie pour demander réconfort, secours, aide, consolation pour lui et les autres ; Il s’adresse au Bouddha comme à un sauveur, ou Lui parle comme un enfant se confie à son père ou à sa mère, un malade à son médecin. Souvent aussi il s’adresse au Bouddha pour exprimer sa gratitude, son amour, ou simplement pour jouir de la joie et de la paix qu’il trouve dans la prière.
« Que la prière consiste en louanges, en actions de grâce, en pensées continues et silencieuses de dévotion, ou en supplications pour recevoir de l’aide, elle exprime notre foi en la nature suprême de notre père céleste qui est tout amour. Cette foi en l’amour constant de Dieu est la marque essentielle de toute prière. Elle transforme les mots vides en communion réelle. » (1)
Une fois entendus par le Bouddha, nous obtiendrons tout ce que nous désirons légitimement. « Comme tout père affectueux, il prend plaisir à satisfaire nos bons désirs. Aussi, établissez d’abord, par la méditation, votre relation d’unité avec votre Père. Vous pourrez ensuite lui demander ce dont vous avez besoin, avec l’amour confiant de l’enfant qui sait que sa demande sera satisfaite. » (2)
Selon les circonstances et nos besoins, nous nous adressons au Bouddha dans l’un de ses multiples aspects de Son pouvoir, tout comme dans le monde nous nous adressons aux experts ou aux spécialistes de différentes professions. (3)
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(1) Le Cercle mondial de prières (Self Realization Fellowship)
(2) Paramahansa Yogananda.
(3) Par exemple, en cas de maladie on s’adresse au Bouddha dans Son pouvoir de médecin (Dược Sư Quang Vương Phật) ; en cas de danger imminent, en Son pouvoir de Sauveur ( Quan Thế Âm Bồ Tát) ; en cas de décès d’un parent, en Sa qualité de Seigneur et Maître de l’enfer (Địa Tạng Vương Bồ Tát) ; si l’on veut demander la paix et la vie éternelles, on prie le Bouddha Amita (A Di Đà ).
- Quelquefois on prie en se servant d’un chapelet afin de mieux fixer son attention.
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Nous n’avons pas besoin de prier à haute voix. Le Bouddha en nous entend dans le silence. Aussi pouvons-nous prier dans une pièce vide tout comme devant un autel avec des statues et des images. Nous pouvons prier à la maison, au bureau, en voyage, dans le train, pendant le travail, ou en regardant la télévision, bref à tout moment et en tout lieu.
En prenant l’habitude de prier fréquemment, notre Ego orgueilleux et rebelle s’habitue à s’effacer. Il devient progressivement humble et calme. À la longue, l’humilité devient une qualité permanente de notre nature. (4)
Voici comment un pratiquant sincère sent agir en lui la vertu de l’humilité :
« Humilité est perpétuel calme du cœur. C’est de n’avoir pas de soucis. C’est de n’être jamais agacé, ou vexé, ou irrité, ou blessé ou déçu.
C’est de ne m’attendre à rien, de ne m’étonner de rien qui est à moi, de ne rien ressentir de ce qui est contre moi. C’est être calme tout aussi bien quand je ne suis pas loué que quand je suis blâmé et méprisé ;
C’est avoir en mon for intérieur un chez-moi béni où je peux entrer et fermer la porte et m’agenouiller en secret devant mon Père, et être en paix, comme immergé dans les profondeurs d’une mer calme alors qu’autour et au-dessus de moi tout est agité. » (5)
Le bouddhiste prie pour lui, mais souvent aussi pour le monde en détresse.
Un des plus grands services qu’il est possible de prodiguer aux êtres humains est de prier pour leur bien-être physique, mental et spirituel. Béni est celui qui prie pour les autres car, ce faisant, il prend conscience de l’unité de la vie. L’homme, en effet, n’est pas isolé, luttant seul contre les rigueurs du sort. Son bonheur est lié au bonheur de tous, et son suprême contentement réside dans le bien-être de tous.
Enfin, dans sa prière, le bouddhiste a aussi une pensée pour toutes les créatures vivantes. Il termine son oraison par un vœu de paix pour tous les êtres (6).
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Comment adorer.
Le Bouddha çakya Mouni a recommandé à ses disciples de ne pas l’adorer.
Pourtant la légende rapporte qu’à sa naissance, le prince Siddharta se leva, fit sept pas en avant dans les quatre directions, un bras levé au ciel, l’autre pointé vers le sol, et déclara :
« Au ciel et sur terre, il n’y a que Moi qui suis adorable. » (7)
Cette déclaration est souvent mal interprétée par des personnes non initiées au Bouddhisme. Si vraiment elle a été prononcée, elle désignait non pas le prince en tant que personne physique, mais le Moi en lui et en tous les hommes, la Vérité éternelle qui fera plus tard l’objet de son enseignement.
Personne ne voit cette Vérité avec les yeux ordinaires. On a donc recours à des formes (statues, images) pour La représenter, et on invente des symboles pour La décrire.
(4) Dans les Ecritures chrétiennes, on insiste aussi sur l’importance de l’humilité : « Dieu résiste aux orgueilleux mais il fait grâce aux humbles…Humiliez-vous donc sous la puissante main divine afin qu’Il vous élève au temps convenable. »
Les Evangiles (Epître de Pierre)
- « La prière ne change pas Dieu mais change celui qui prie. » Soren Kierkegaard (1813-1855), philosophe danois.
(5) Canon T.T. Carter (traduction de l’anglais).
(6) « Vạn vật thái-bình. »
(7) « Thiên thượng, thiên hạ, duy Ngã độc tôn » (Trên giời, dưới đất, chỉ có Ta là quý »).
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Cependant des personnes superstitieuses prennent ces formes pour le Bouddha et les adorent.
Autrefois en Chine, un bonze, voyant que ses fidèles s’adonnaient à cette idolâtrie, les réunit un jour devant l’autel du Bouddha et, avec une hache, se mit à démolir les statues. Aux dévots indignés et choqués, il expliqua, texte sacré à l’appui, que leur manière d’adorer était une grave aberration.
Il leur cita les paroles du Bouddha :
« Ceux qui veulent Me prendre pour des formes et Me connaître dans les bruits et les sons, ceux-là font fausse route ; ils ne peuvent pas connaître le Bouddha. »(8)
Le Bouddha précise :
« Si on voit que toutes les formes sont sans forme, on voit le Bouddha. » (9)
Tout comme les statues et les images du Bouddha, les temples et les pagodes qui les abritent ne sont pas sacrés par eux-mêmes. Ils ne le sont que par la sainteté de vie des bonzes et des religieux qui les occupent et la pureté de cœur et d’esprit des fidèles qui les fréquentent. Sans cette sainteté et cette pureté apportées, ces bâtiments, aussi beaux soient-ils, ne sont que des coquilles vides.
Soyons donc attentifs, sérieux et calmes quand nous venons faire nos dévotions à la pagode. N’y apportons pas la futilité et les nuisances de nos bavardages, mais la pureté de notre cœur et la sérénité de notre mental.
Dans ce monde agité et souffrant, que chacun de nous soit un îlot d’amour et de paix, sur lequel des voyageurs harassés peuvent mettre pied et se reposer momentanément de leur fatigue !
« Notre destin voyage sur une mer non traversée dont les vagues se poursuivent dans un jeu de cache-cache incessant. (10)
C’est l’inquiète mer du changement ; elle perd et perd encore ses troupeaux, et bat des mains contre le ciel immuable.
Au centre de cette mer éperdue, entre l’aube et la nuit, Amour, vous êtes l’île verdoyante où le soleil baise l’ombre vaporeuse, où les oiseaux sont les amants chanteurs du silence. » (11)
Le Bouddha est Paix
Le Bouddha est Amour.
Reposons-nous dans la Paix,
Réfugions-nous dans l’Amour,
Toujours…
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(8) « Nhược dĩ sắc kiến Ngã, (Nếu lấy hình tướng để thấy Ta,)
Dĩ âm thanh cầu Ngã, (Lấy âm thanh để mong được Ta,)
Thị nhân hành tà dạo, (Người ấy đi lầm đường,)
Bất năng Kkiến Như Lai. (Không thể thấy Phật.)
Kinh Kim-Cương
(9) « Nhược kiến chư trướng phi tướng, tức kiến Như Lai » (Nếu thấy các hình-tướng không có tướng tức là thấy Phật). Kinh Kim-Cương
(10) Mer non traversée, parce que l’autre rivage se trouve ici même.
(11) Rabindranath Tagore, poète et philosophe indien (1861-1941), Prix Nobel 1913.
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« Celui qui s’approche de la Voie se trouve éclairé comme s’il fait l’ascension d’une montagne éblouissante de neige.
Celui qui s'éloigne de la Voie s’enfonce dans le noir des ténèbres comme une flèche tirée dans la nuit. »
Le Bouddha çakya- Mouni
Dernier chapitre
Le Bouddhisme, science de l’homme et de l’univers réels.
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L’enseignement du Bouddha çakya-Mouni n’est pas un système philosophique, ni une vision spéculative de l’intellect, mais une science expérimentale dont les résultats sont tangibles et précis. Il est la science de l’homme et de l’univers réels. Son instrument d’investigation est l’intuition, la vision directe intérieure acquise par la pratique de la méditation.
Les cinq sens et le mental ne peuvent pas voir ce que l’intuition voit. Plus grave encore, non seulement ils sont incapables de découvrir la Vérité, ils sont encore des entraves qu’on doit absolument mettre à l’écart. Ils constituent en effet un écran qui cache la Vérité. Les Ecritures disent :
« Quand aucune pensée n’effleure le mental, le Bouddha apparaît.
Aussitôt que les six sens se mettent en mouvement, le Bouddha est caché par un nuage. » (1)
Cette vérité est affirmée dans toutes les grandes religions. Ainsi on lit :
Dans les Ecritures confucéennes :
« L’Existence céleste est appelée Tánh…
Voir sans employer les yeux,
Entendre sans employer les oreilles,
Abandonner l’emploi des yeux et des oreilles,
On obtient spontanément le Tánh. » (2)
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(1) « Nhất niệm bất sanh, toàn thể hiện,
Lục căn tai đọng, bị vân cha. »
(Một niệm Không sanh, toàn thân Phật hiện.
Sáu căn vừa đọng, Phật bị mây che.)
Trường Chiết Cư-sĩ
(2) « Thiên mạng chi vị Tánh… (Mạng Trời gọi là Tánh…)
Thị bất dụng mục, (Trông không dùng mắt,)
Thính bất dùng nhĩ, ( Nghe không dùng tai,)
Ly nhĩ mục chi dụng, (Lià dùng tai mắt,)
Tự nhiên đắc Tánh. (Tự nhiên được Tánh.)
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Dans les Ecritures taoïstes :
« Celui qui sait ne parle pas ; celui qui parle ne sait pas. »
Dans les Ecritures chrétiennes :
« C’est dans le silence que sort la voix de puissance. »
Dans les Ecritures hermétiques trismégistes (ancienne Egypte) :
« Vous ne Le verrez qu’au moment où vous ne pourrez plus en parler : car sa connaissance est un silence profond et la suppression de tous les sens. »
Supprimer tous les sens. Voilà une entreprise très difficile. Dans les Ecritures bouddhiques on la compare au suicide de l’ego, ou à la situation intenable d’un voleur qui se fait gendarme pour s’arrêter lui-même. Mais c’est une entreprise réalisable puisque, au cours des siècles, beaucoup de personnes l’ont réalisée grâce précisément aux nombreux Bouddhas qui ont enseigné à l’humanité la Voie de la Connaissance.
« Quand on a la connaissance de la Connaissance,
La connaissance n’est pas cette Connaissance-là,
La Connaissance est l’abandon de la connaissance,
La connaissance ne peut L’égaler » (3)
Quand on a la connaissance de la Connaissance on est libéré : on obtient le bonheur réel. Bien qu’on soit encore dans ce monde, on est déjà sur l’autre rive (4). Cependant nous devons en apporter la preuve. Seule notre expérience assure la pleine compréhension et la réalisation de la Vérité.
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(3) « Kiến Kiến chi thời, (Khi thấy cái Thấy)
Kiến phi thị Kiến, (Cái thấy chẳng phải cái Thấy ấy)
Kiến do ly Kiến, (Cái Thấy do lìa cái thấy,)
Kiến bất năng cập. “ (cái thấy chẳng bì Kịp.)
(4) Les Ecritures disent :” Le Bouddha est dans le monde; on le connaît sans quitter le monde » (Phật tại thế gian, bất ly thế-gian giác).
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- Cet exposé, bref et concis, donne un aperçu de l’essentiel de l’enseignement du Bouddha çakya Mouni. Il offre au lecteur, malgré sa brièveté, de nombreux sujets de réflexion pour de longs jours, peut-être de longues années s’il s’y intéresse.
Aussi lui laissé-je le plaisir de terminer lui-même ce dernier chapitre par ses réflexions personnelles et, éventuellement, ses expériences moissonnées au cours de sa quête persévérante de la Vérité.
« Une erreur peut flotter comme un fétu de paille,
Mais pour trouver la perle, il faut toujours plonger. »
Avril 1990
Tịnh Mặc Đặng Trinh Kỳ
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Mes vifs remerciements vont à mon épouse qui m’a encouragé à écrire cette étude pour nos enfants et petits-enfants. Dans la réalisation de ce modeste travail, elle a pris une grande part.
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Post-Scriptum
Cette étude complète celles que j’ai écrites précédemment. (a)
Elle peut-être publiée, si cela peut servir à la diffusion de l’enseignement du Bouddha.( b)
(a) - Đường vào Ánh Sáng Đạo Phật , éditions 1958, 1961, Saïgon, Viet Nam et 1984, Phật học viện quốc tế, Los Angelès, U.S.A.
- Quelques commentaires sur l’image du Bố-Tát Di-Lặc (le Bouddha à venir) ,1989 .
Autre livre (publié postérieurement à cette étude) : « Le Bouddhisme, voie vers la Lumière » adapté du vietnamien Đường vào Ánh Sáng Đạo Phật par l’auteur, 1993, pagode Khanh-Anh, Bagneux, France.
(b) Prendre l’accord de mes enfants, Tél. 04 78 93 27 15, ou M. Mme NGUYỄN Tél. 01 69 38 03 48.