Version PDF   |   Retour accueil     |  Liens   |  Trang chủ

NOTE

Selon la tradition, sous la dynastie des Liang (10ème siècle après J.C.) vivait en Chine un moine errant connu pour sa corpulence, son sourire et sa bienveillance. Il accomplissait des choses sortant de l’ordinaire, notamment en portant chance à des personnes avec qui il était en contact. Comme il transportait tout son nécessaire dans un sac en toile, la population l’a nommé le Vénérable Budai (Bu dai= Sac en toile ; en vietnamien : Bố đại).
Juste avant sa mort il aurait dit le poème :
« Maitreya, le vrai Maitreya s’incarne sous une multitude innombrable de formes ; il se montre constamment, mais personne ne le reconnait. »

Ainsi naquit la tradition qui, en Chine et dans d’autres pays de l’Extrême-Orient, faisait du moine Budai l’incarnation du Bodhisattva Maitreya (Bồ Tát Di-lặc ) et de son apparence physique (sous forme d’image ou de statue) une représentation du  Bodhisattva Maitreya. Mais pour beaucoup d’habitants de ces pays, les statues ou statuettes de Budai sont aussi associées à la Joie, la Chance, la Prospérité.
               Dans le texte ci-dessous, Monsieur Tịnh-Mặc Đặng Trinh Kỳ commente l’utilisation d’images ou de statues de Budai en tant que représentation du Bodhisattva Maitreya (Bồ Tát Di-lặc).

Quelques commentaires sur l'image

du Bồ-Tát Di-Lặc (le Bouddha à venir)

                                    

Tịnh-Mặc

Đặng Trinh Kỳ


 

 

 A mes enfants Trung et Châu,

 et leurs enfants Minh-Chương, Minh-Ích,

 cet affectueux souvenir,

 écrit pour  accompagner la statuette du Bồ-Tát Di-Lặc.

 

                                                          Tịnh-Mặc

                                                 Antony, Décembre 1989


 

                                                                                                   +

                                                                                           +              +  

 Di-Lac-Bouddha-a-venir-1.jpg

D'après les écrits bouddhiques, le prochain Bouddha qui viendra sur terre pour éclairer l'humanité s'appelle Di-Lặc, nom signifiant Amour. Il est actuellement un Bồ-Tát du même nom (1) résidant au Nội-Viện (Palais intérieur) de la sphère céleste Đâu-Suất.

Cependant le Bồ-Tát aime aller se promener incognito partout sur notre planète, observant et écoutant les gens, leur apportant à l'occasion aide et secours.

Le portrait (image ou statue) qu'on fait généralement du Bồ-Tát Di-Lặc se compose de nombreux traits particuliers constituants autant d'énigmes qu'on doit déchiffrer pour en saisir le sens et par suite, comprendre la personnalité du prochain Bouddha.

Essayons de faire cette étude à la lumière de ce que nous savons sur le Bouddhisme.

Regardons attentivement l'image du Bồ-Tát (celle que nous avons à la maison).

 

1. Dès le premier regard nous remarquons la rondeur du crâne et du visage du Bồ-Tát.

Dans le langage de tous les jours comme dans le vocabulaire du Bouddhisme,  la rondeur est synonyme de perfection.

Le crâne, siège de l'intelligence, sanctuaire de l'esprit, symbolise la connaissance.

La rondeur du crâne représente la perfection de la connaissance.

"Viên-Giác", la Connaissance parfaite, est en effet un des très nombreux noms qu'on attribue au Bouddha. (2)

_______________________________________________________________________

 (1) Di-Lăc : Maitreya en sanscrit. Un Bồ-Tát  (sanscrit : Bodhisattva) est un être dont la perfection voisine celle du Bouddha.

(2) Le mot sanscrit Bouddha signifie Connaissance.

_______________________________________________________________________

 

Au point de vue physique, le visage caractérise une personne qui, elle-même, est toujours désignée par son nom.

Le nom du Bồ-Tát étant Amour, son visage rond symbolise la perfection de son amour.

 

2. Dans ce visage calme s'épanouit un large sourire. Celui-ci symbolise la Joie et la Béatitude.

Il s'agit de la joie intérieure (Hỷ) et d'un état léger de bonheur calme (Lạc), diffus dans tous les fibres de l'être, et non d'une joie ou d'un bonheur ayant pour origines des causes extérieures.

Si nous fixons notre attention sur ce sourire pendant quelques instants, nous aurons l'agréable surprise de nous voir en train de sourire nous-mêmes. C'est que la très brève concentration que nous venons de faire a fait son effet : calmer notre mental agité et aider la joie immergée au fond de nous à faire face.

 

3. Regardons les yeux à demi-ouverts du Bồ-Tát. Ils ont leur regard centré sur l'œil spirituel (tuệ nhãn) (1) situé sur le front, entre les sourcils.

Cette attitude nous montre le Bồ-Tát dans la méditation profonde.

Dans cet état supérieur de conscience il voit avec son œil intérieur, l'univers entier et s'absorbe en lui. C'est en s'unissant ainsi avec l'univers qu'il le connaît réellement et le comprend parfaitement.

Les enseignements donnés par les Bouddhas, les Prophètes, les Bồ-Tát et grands Saints de tous les temps et de toutes les religions ne sont pas de la théorie ou de l'imagination. Ils sont le résultat de l'expérience vécue par eux personnellement et renouvelée par tous ceux qui parviennent au même degré de l'état supérieur de conscience.

_______________________________________________________________________

(1) Jésus Christ décrit cet œil (unique) dans l'homme ainsi : "la lampe du corps c'est l'œil; si ton œil est sain, tout ton corps sera dans la lumière. Mais si ton œil est malade, tout ton corps sera dans les ténèbres." Les Evangiles - St Matthieu VI, 23, 24.

_______________________________________________________________________ 

 

4. Nous remarquons ensuite la grandeur des oreilles et la largeur des canaux auditifs.

Les dimensions exceptionnelles de ces organes de l'audition symbolisent la très grande vigilance du Bồ-Tát, sans cesse à l'écoute de tous les appels de détresse de l'humanité.

Di-Lac-Bouddha-a-venir-2.JPG

5. Nous sommes aussi impressionné par le corps massif du Bồ-Tát, solidement installé, comme scellé à son siège.

Cette masse immuable symbolise la fermeté inébranlable et la sécurité totale.

Calme et ferme, le Bồ-Tát est inébranlable au milieu des tourbillons du monde. A tous ceux qui viennent à lui, il offre un refuge sûr et une complète sécurité morale ou matérielle.

 

6. La main droite du Bồ-Tát  égrène un chapelet.

Le chapelet  symbolise la présence du Bouddha dans le cœur de celui qui le porte : le Bouddha est là où l'on pense à lui.

Dans le Bồ-Tát, le Bouddha est toujours présent et actif, travaillant à l'accomplissement de ses propres œuvres. En vérité, il n'est que l'instrument habile et fidèle de la Volonté du Bouddha (1).

 

7. Nous voyons la main gauche du Bồ-Tát  traîner un sac vide.

Le sac symbolise l'ego, appelé dans le Bouddhisme vọng tâm , le faux cœur, ou vọng ngã, le faux-moi.

Cet ego, d'après l'enseignement bouddhiste se compose du mental et des cinq sens, le tout ayant pour support et instrument le corps physique.

Manifestement l'ego apparaît comme individuel puisque chacun de nous, psychologiquement est différent des autres, réagissant différemment devant les sollicitations  du monde extérieur selon qu'il est plus ou moins influencé par la cupidité, la colère et l'ignorance (tham, sân, si), les trois poisons (tam độc) que l'enseignement bouddhiste considère comme les trois sources fondamentales de tous les malheurs de l'humanité.

Le sac que porte le Bồ-Tát  est complètement vide. Cela signifie que son ego n'a plus aucune trace de cupidité, de colère et d'ignorance.

Quand, par un moyen approprié quelconque, enseigné dans la pratique de toutes les religions (2), on arrive à débarrasser totalement l'ego de ces trois poisons, le mental devient tranquille, les cinq sens calmes, et l'ego libre, limpide, illuminé. Il est alors le vrai cœur de l'homme (chân tâm), le cœur de Bouddha. (3).

___________________________________________________________________

(1) Jésus Christ dit la même vérité à ses disciples : " Ne crois-tu pas à que je suis dans le Père et que le père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, c'est le Père, demeurant en moi, qui accomplit lui-même ses œuvres." Les Evangiles - St Jean XII, 10.

(2) Dans le Bouddhisme : la concentration, le yoga, la méditation, la prière. (yoga spirituel et non corporel)

(3) "Chúng sanh tâm nhược tịnh,

       Ánh Bồ Đề tất hiện trung"

(Quand le cœur  humain devient limpide, la lumière de Bouddha y apparaîtra automatiquement) – Les Ecritures bouddhistes.

       - "Bienheureux ceux qui ont le cœur pur car ils verront Dieu" Les Evangiles - St Matthieu V, 9.

 _______________________________________________________________________

 

Sur certaines images du Bồ-Tát Di-Lặc, on voit aussi six enfants grimpant et jouant gaiement sur son corps.

Tout comme le sac, ils symbolisent l'ego, c'est-à-dire le mental et les cinq sens. Ceux-ci, véritables pirates turbulents et très souvent malfaisants chez les hommes ordinaires, sont devenus de petits enfants calmes et innocents chez le Bồ-Tát qui les a totalement maîtrisés et transformés.

Pour caractériser cet ego pur et limpide, le vocabulaire bouddhiste lui donne de très nombreux noms. En voici quelques uns : Chân Không (vrai vide), Chân Ngã  (vrai Moi), Phật Tánh (nature de Bouddha), Niết-Bàn (Nirvana), etc…, etc …

La purification ayant été ainsi accomplie dans les egos, chaque homme voit sa propre image dans son prochain. Ils sont identiques (1). Ils sont de même nature et rien ne les sépare. Ils ne sont plus individuels mais universels.

On dit qu'avant la purification, les hommes sont des candidats bouddhas ou des bouddhas en puissance. Après la purification, ils sont bouddhas (2).                         

_______________________________________________________________________

 (1) C'est là le sens profond du commandement de Jésus-Christ : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" – Les Evangiles.

(2) Dans le Bouddhisme, on ne considère pas Bouddha comme Dieu mais comme Réalité Suprême. C'est pourquoi certains disent que le Bouddhisme est une religion sans Dieu. Ce n'est qu'une querelle de mots. Bouddha, God, Dieu ou autres noms ne sont que des vocables inventés par l'homme pour désigner une seule Réalité, vivante, omniprésente et éternelle : l'Esprit.

            D'ailleurs le mot "Esprit" lui-même est une invention de l'homme pour désigner quelque chose qui , évidemment, n'a pas de nom puisqu'il existe avant l'homme et avant toute création. C'est en ce sens que Lão-Tử (Lao tseu) a dit : " Le nom qui  peut être nommé n'est pas le nom éternel" (danh khả danh phi thường danh). 

_______________________________________________________________________

                                                                                                    +

                                                                                            +              +  

            Un ancien poète chinois a écrit au sujet du cœur vide (tâm không) un petit poème, en apparence humoristique mais en vérité lourd de sens :

             "Thập phương đồng tụ hội;

            Cá cá học Vô Vi.

            Thử  thị tuyển Phật trường,

            Tâm Không cập đệ quy."

 

Traduction vietnamienne :

            Mười phương cùng đến họp

            Ai ai cũng học Vô Vi

            Đây là trường thi Phật,

            Tâm Không mới được đậu.

                    

Traduction française :

            Des gens des dix points du globe se rassemblent en ce lieu;

            Tous ont appris le Non Agir (1).

            Ici est le campus où l'on passe l'examen pour être Bouddha.

            Sera reçu celui qui aura le cœur vide.  

                                                                                                   +

                                                                                           +              +  

            L'essence du Bouddhisme peut se concentrer, à défaut du silence absolu, dans six petits mots des Ecritures saintes :

            "Tâm tức Phật, Phật tức tâm."

           (le cœur est Bouddha, Bouddha est le coeur).

            Ne cherchons pas Bouddha au-dehors. Il est en nous. (2)

            Et quand nous l'aurons trouvé en nous, nous le trouverons dans tout l'univers.

 Avant de quitter physiquement ce monde, à quelqu'un qui lui demande de résumer en peu de mots l'enseignement  qu'il a semé partout durant 49 ans, le Bouddha historique çakya Mouni ( Phật Thích Ca Mâu Ni ) répondit, après un silence:

"Je n'ai rien dit."

 C'est une énigme, incompréhensible pour beaucoup de personnes, puisque le Bouddha en chair et en os, par la parole et par les actes, a prêché sa doctrine pendant toute sa vie sur terre après son illumination.

Et pourtant en l'occurrence, le Bouddha, par son silence, a bien répondu à la question du demandeur et lui a exprimé clairement la vérité.

Le sens de sa réponse est :

"La Réalité éternelle que j'ai enseigné est au-delà de la forme, au-delà de la pensée conceptuelle, au-delà de la parole et de toute description. Simplement on le vit dans le cœur(3).

 _______________________________________________________________________

 (1) L'enseignement bouddhiste du Non Agir (Vô Vi) apprend à l'étudiant la conception et la vision la plus haute du Bouddha : le Bouddha au-delà de la forme, immobile (à l'état statique) mais en même temps inimaginablement actif. Il est à la fois transcendant et immanent en tout être et en toute chose

(2) - " Be still and know I am God" -  The Bible (The Psalms).

      - " Le Royaume de Dieu est proche". – Les Evangiles – St Matthieu III, 2.

(3) " Đạo Khả đạo phi thường Đạo" Lão Tử (Đạo Đức Kinh).  (La voie qui peut être montrée ou décrite n'est pas la Voie éternelle - Lao tseu).

 _______________________________________________________________________


- Rappelons-nous qu'au début de ces commentaires, nous avons dit que le Bồ-Tát Di-Lặc réside actuellement au Palais intérieur de la sphère céleste Đâu-Suất .

C'est une allégorie dont la signification est :

Le Bồ-Tát Di-Lặc habite au fond de notre cœur dans la partie supérieure de notre conscience. Il attend pour se manifester en tant que Bouddha, que notre cœur soit parfaitement calme et pur.   

                                                                                                   +

                                                                                           +              +  

Le Bouddha çakya Mouni ( Phật Thích Ca Mâu Ni ) est né en 624 avant l'ère chrétienne, en Inde du Nord, près de la frontière du Népal. Il quitta ce monde en 544, à l'âge de 80 ans. 

                                                                                                   +

                                                                                           +              +  

Dans les pays bouddhistes, le calendrier lunaire consacre le premier jour de l'an à la commémoration du Bouddha Di-Lặc.

Pourquoi a-t-on choisi cette date?

C'est parce que, mystiquement et émotionnellement,  on considère le jour de l'an comme le commencement pour chacun d'une vie nouvelle.

C'est le jour de grandes résolutions et de beaucoup d'espoirs.

Pour le croyant, c'est l'espoir de recevoir en abondance, tout au long de l'année, la grâce du Bouddha qui est Amour et Compassion.

Devant son image sacrée, il joint respectueusement les mains et, spontanément des profondeurs de son cœur, une prière monte pour s'élever jusqu'à l'infini :

 

Nam mô Phật.

Ô Bouddha, je me réfugie en Vous,

Je m'abandonne à Vous,

Conduisez-moi

des ténèbres à la Lumière,

de l'ignorance à la Connaissance,

de l'éphémère à l'Eternel.

Ô Bouddha, je me réfugie en Vous. 

 

 

                                                                                      Tịnh-Mặc

                                                                                      Đặng Trinh Kỳ

                                                                                      Décembre 1989. 

                                                                                                   +

                                                                                           +              +  

Di-Lac-Bouddha-a-venir-3.JPG

 Version PDF                                                                                     Retour début